Histoire du Poët-Laval

Situation administrative et religieuse :

Sous l’Ancien Régime, Le Poët-Laval formait une communauté dépendant de l’Intendance de Grenoble, de l’élection et de la subdélégation de Montélimar.

Le 15 janvier 1790, elle devient commune incluse dans le premier canton de Dieulefit, district de Montélimar.
Son église, Notre-Dame, était l’une des paroisses du diocèse de Die (1688).

Superficie :

Selon le cadastre napoléonien de 1828, les 3115 ha de la commune se répartissent comme suit :
– 2004 ha de bois (2/3)
– 691 ha de terres labourable, jardins, vignes et prairie (1/5ème)
– 336 ha de pâturages, principalement sur les montagnes (1/10ème)
– 84 ha de routes, rivières et terres incultes (1/38ème)
Habitat : informations à vérifier
Plus de 40% de la population habitent dans le hameau de Gougne qui s’y installe, à partir du XIII ème siècle.

Le temple du vieux village a été aménagé dans une maison d’habitation laquelle était alors la Maison Commune de 1622 à la révocation de l’Edit de Nantes.

En 1685, cet immeuble redevint Maison Commune et évitant d’être rasé comme les autres temples protestant du Dauphiné.

Son aménagement actuel date de 1807 avec l’installation de tribunes en 1822.

Au sommet du village domine l’important Château des Commandeurs, en chazal, rendu inhabitable par sa ruine lors des Guerres de Religion. Aujourd’hui, les restaurations successives de certaines habitations, des calades et des remparts ont permis que des résidents viennent habiter le vieux village.

A distance de Gougne et du vieux village, des hameaux se sont constitués : Chabotte, Richon, Labry, Les Rivales…ainsi que le petit château de Brotin, à l’entrée de la vallée en venant de Montélimar.
Le long de la route reliant Dieulefit et Montélimar, les ateliers de potiers (Coursange, Robin) se sont installées. Maintenant, certains on été réhabilités en zone d’activités artisanale, comme le site de Coursange.

L’économie de l’époque

L’élevage du vers à soie s’était développé au XVII ème siècle et resta prospère jusqu’à la catastrophe que fut la maladie de la pébrine en 1855. Des plantations de mûriers alimentaient une production de vers à soie dont les cocons étaient vendus à l’extérieur du village. Au village, à coté des auberges et des commerces, se trouvaient toutes les activités artisanales nécessaires à la vie (cordonnerie, mercerie…).

Le Jabron étant capté tout au long de son cours, il faisait mouvoir moulins à farine, à huile et à alquifoux (sulfure de plomb utilisé en céramique), permettant en outre le moulinage (torsion) de la soie.

Au milieu du XVIII ème siècle, outre le moulin banal du commandeur, il y a avait un foulon à sergettes (moulin servant à fouler les étoffes), un moulin à huile et un moulin à broyer le vernis des potiers (alquifoux ou galène qui, mélangé à du sable quartzeux et de l’argile, étaient utilisé pour vernir et imperméabiliser les poteries communes).

La poterie

L’industrie la plus florissante fut de loin la poterie, avec plusieurs fabriques présentes sur le territoire communal liés à la proximité du gisement d’argile de Dieulefit. En 1833, on compte 27 fabriques employant 250 ouvriers.
Le village compta aussi quelques ateliers de drapiers livrant leur draps aux négociants dieulefitois, ainsi que des verreries.

 

 

 

Agriculture et élevage prédominaient : seigle, épeautre, blé noir, blé froment, pomme de terres et vin. Des arbres fruitiers produisent noies, châtaignes, pommes, etc…

Les cultivateurs formaient la majorité et leur situation était précaire, les bonnes terres de la vallée étant peu étendues, le sol est médiocre, généralement trop sablonneux ou trop calcaire.
Par un travail acharné, les pentes des collines ont été débarrassées de leur pierres et celles-ci assemblées en murs de soutènement (parets). Les défrichages, pour augmenter les surfaces cultivables allaient bon train et les bois étaient surexploités, tous bois de broussaille.

Ainsi voyait-on partout des champs étagés, bien plus nombreux au quartier des Côtes, à proximité du vieux village, sous la protection du château.
Les verriers, puis les potiers, contribuèrent largement, eux aussi, à « la destruction de tous les bois de la commune, qui a rendu les montagne des rochers arides » (délibération du 5 juillet 1812).
Le seigneur autorisait volontiers les défrichements et l’essartage, source de profit. Ce dernier consistait, suite à une coupe de bois et après brûlis du reste de la végétation, à mettre en culture l’espace ainsi obtenu. Cette autorisation d’essarter donne lieu au paiement de la « tâche » ou « tasque ».
Après les coupes de bois, ou après culture de 2 ou 3 ans qui suivaient l’essartage, une repousse était possible, s’il n’y avait pas les chèvres, que des ordonnances successives ne parvinrent jamais à réglementer pour limiter les dégâts.

Les récoltes étaient maigres : peu de blé et de froment, mais plutôt épeautre, seigle, blé noir. La vigne donne un vin médiocre et insuffisant pour la consommation. Il s’y ajoutait les pommes de terre et les fruits, en complément de nourriture.
Le cheptel était modeste. Un tiers des cultivateurs seulement possèdait le gros bétail nécessaire à l’exploitation des fonds. Quelques troupeaux laineux (moutons et chèvres) et encore vaches et chevaux.
Les méfaits des torrents et du Jabron ont été en outre nombreux. Au cours des siècles se sont renouvelées les plaintes : fond emportés et engravés, ravages affreux. Les habitants ont pu connaître la famine.

La propriété du sol et des biens :

Avant 1789, et comme dans la plupart des autres communes, la noblesse a vendu des fonds et des domaines, tel celui du château de Brotin. A l’origine, l’Ordre des Hospitalier en a la propriété mais elle est cédée à l’un de ses commandeurs, Aymar de Brotin dit Talabar, qui lui donne son nom et le fortifie.
A partir de 1840, commence la chute de population : 759 habitants en 1901 (contre 1241 en 1836).
Après la seconde guerre mondiale, la terre se vend pour la construction de maisons individuelles et nombre de parcelles vendues en 1793 sont aujourd’hui bâties, d’autant plus qu’un P.O.S (Plan d’Occupation des Sols), sévère sur Dieulefit, a poussé nombre de nouveaux dieulefitois à construire sur Poët-Laval.

Sources principales :
« Que le bonheur habite les chaumières… La vente des biens nationaux dans la Drôme », Association Histoire et Archives Dromoises, 1994

« Le Poët-Laval – Commanderie des chevaliers de l’ordre de Malte », édité par les amis du Vieux Poët-Laval, 1985